Différences culturelles Irlande – France

Chers parents, chers adolescents,

Aux cours des dernières années j’ai pu avoir plein d’impressions de la mentalité des familles d’accueil irlandaises et françaises par des voyages personnels, par des situations que j’ai vécues à travers mon travail ainsi que par les retours que j’ai reçus des familles elles-mêmes. Ces quelques lignes pour permettre une meilleure compréhension interculturelle pour votre aventure à l’étranger.

Irlande

Les familles d’accueil irlandaises sont dans la majorité des familles de la classe moyenne habitant dans un environnement rural. Peu entre eux ont fait des études supérieures. Leur motivation principale d’accueillir des jeunes étrangers est le revenu supplémentaire car beaucoup de femmes sont mères au foyer et le coût de la vie quotidienne est supérieure à celui en France. Evidemment, ces familles aiment les enfants et beaucoup entre elles ont une famille nombreuse. Nous attendons bien sûr qu’elles s’engagent pour nos jeunes et qu’elles les accueillent chaleureusement. L’investissement comme famille d’accueil est très répandu en Irlande et dû à la forte concurrence sur ce domaine les familles sont habituées à être payées pour leur service.

Les familles irlandaises sont souvent très sportives ou très intéressées par le sport. Elles aiment regarder ensemble le sport à la télévision ou des vrais matchs le week-end comme le rugby, le “gaelic football” ou le football. Beaucoup de familles soutiennent leur club local et adhèrent à la vie du club.
En dehors du sport les familles irlandaises aiment les rencontres familiales et des barbecues.
En général les familles irlandaises sont plutôt réservées, pas tellement directes et franches. Parfois il faut lire entre les lignes ce qui n’est pas toujours évident. Concernant leurs enfants les Irlandais préfèrent ne rien dire pendant l’échange et encourager leurs enfants à tenir jusqu’au bout avant de formuler de la critique qui ne viendra souvent qu’après l’échange ou le séjour terminé.

Les familles d’échange irlandaises habitant pour la plus grande majorité à la campagne. Elles sont plus intéressées par la culture et les études que les familles d’accueil mais pas forcément aussi scolaires que les familles françaises.

Les repas en Irlande ne sont souvent pas à horaires fixes. Souvent le repas familial principal est le dîner qui est pris entre 18 et 20 h. Le déjeuner consiste souvent en sandwichs et n’est pas forcément un repas chaud. Il est généralement servi entre 12 et 15 h. Le petit-déjeuner est important et souvent plus copieux qu’en France. Ce n’est pas inhabituel que les Irlandais mangent des snacks entre les repas, tels que chips, barres chocolatées, fruits, glaces. Il n’y a que rarement des menus, pas toujours des légumes ou salades, plus souvent des repas à plat unique.

Pour les familles irlandaises les chambres servent à dormir et pas tellement à se retirer. Les enfants et jeunes sont habitués à rester dans les pièces communes telles que la cuisine ou le salon même en dehors des repas ou des séances de télévision. Ils ne vont que dans leurs chambres pour faire leurs devoirs ou pour dormir.
Il s’y rajoute que les familles irlandaises n’ont pas toutes et partout le Wifi et ainsi l’ordinateur n’est pas utilisable à souhait. Elles privilégient la communication entre membres de famille et attendent des jeunes étrangers qu’ils essaient de parler un maximum. Evidemment l’usage constant du téléphone portable est un frein à la communication et garde le jeune français dans son pays et dans sa langue maternelle.

Comme le coût de vie est plus cher en Irlande les familles d’accueil irlandaises remarquent que certains jeunes français n’ont pas assez d’argent de poche, adapté à leurs besoins. Notre collègue en Irlande conseille 80 €/mois.

Il se peut que les habitudes de laver le linge en Irlande sont différentes de celles des familles françaises. Certaines familles ne lavent le linge qu’une fois par semaine. Pour cette raison il faudrait prévoir assez de vêtements et des changes qui durent une semaine.

Concernant la douche l’habitude est plutôt à une fois par jour, ne serait-ce dû au sport.

Les enfants irlandais n’aiment pas trop le contact physique et préfèrent ne pas être touchés ou embrassés. Dû à des cas d’abus dans l’église en Irlande ce sujet est très sensible. Les jeunes vivent dans des situations protégées, ne quittent pas tellement le cocon familial, ont parfois le mal de pays loin de chez eux et peuvent se montrer moins autonomes. De l’autre côté ils travaillent très tôt pendant les vacances d’été dans des jobs d’été et sont habitués à se financer leurs projets eux-mêmes assez jeunes.

En Irlande les langues vivantes sont plutôt enseignées à l’écrit. Il n’y a que peu d’interaction entre les professeurs et les élèves, avant tout à l’oral, de façon que leur niveau de français en arrivant en France n’est pas élevé. De trop fortes exigences scolaires de la part des familles françaises peuvent décourager les jeunes irlandais et les amener à se retirer dans leur bulle. Dû à la spécificité de leur année de transition qui est une année scolaire sans contrôles et examens, donc sans pression, beaucoup de jeunes irlandais ne regardent pas le côté scolaire de cette expérience et ne viennent pas forcément en France pour apprendre mais pour vivre une aventure. Cette différence peut apparaître à un manque de motivation comparée aux Français dont la motivation est souvent plutôt linguistique.

France

Les familles françaises sont souvent des familles académiques. S’intéresser à une autre culture et accueillir un jeune étranger est un plaisir et un enrichissement. Beaucoup de familles françaises vont élaborer des projets et plannings avec des activités et des sorties pour offrir un séjour intéressant et varié à l’enfant qu’elles accueillent. Notez qu’il ne faut pas surcharger le programme en activités car trop de mouvement peut également fatiguer le jeune qui a déjà besoin de s’adapter à un nouveau rythme, avant tout côté école. Parfois on crée ainsi des attentes élevées à la famille irlandaise si elle est censée accueillir votre enfant en retour.
Les Français et leurs établissements scolaires tendent à attendre un “bon travail”, voir du rendement. Il s’impose de discuter avec l’équipe enseignante du volet culturel d’un échange ou séjour et de son enrichissement personnel et pas seulement le côté “notes”, autant pour les jeunes français que irlandais.

Les familles françaises accordent beaucoup d’importance aux repas à des heures fixes et ne tolèrent pas de grignotage entre ces repas. Egalement à une cuisine variée et des plats chauds midi et soir. La cuisine française, soit ! Les jeunes irlandais apprécient cette cuisine mais ont parfois du mal à goûter à toute cette variété, notamment les légumes verts.

Il se peut que l’utilisation des chambres soit plus individualiste en France car la chambre de l’adolescent est souvent son “royaume” où il aime passer du temps seul. Beaucoup de jeunes ont leur propre ordinateur et du Wifi à souhait, quand ils en ont besoin. Ils ne connaissent plus de périodes creuses mais sont habitués au tout-connecté et à l’utilisation des écrans à longue durée comme pour le streaming. Idem pour le téléphone portable qui est omniprésent.
Il existe de nombreuses familles françaises qui ne donnent pas d’argent de poche à leurs enfants et qui n’y voient pas de nécessité. A l’étranger ces habitudes peuvent changer complètement.
Les Français sont habitués à la bise entre membres de famille, amis, voisins, camarades. Ce contact physique peut surprendre des jeunes étrangers qui se donnent plutôt la main pour se saluer.

Mes observations sont des généralités qui ne s’appliquent bien sûr pas à chaque famille et qui ne sont sans aucun doute pas exhaustives. Mon but est de vous aider à vous préparer à des situations nouvelles. La plupart de nos échanges et séjours se déroulent sans aucun problème. Pour tous les autres cas je suis à votre côté avec des conseils et des astuces.

Fingers crossed!

Margit Steiner